La cosmétique toujours parmi les bons élèves à l’export
L’export aura une nouvelle fois permis au secteur de tirer son épingle du jeu en 2023. L’euphorie va-t-elle demeurer ? Les élections américaines approchent avec leur lot d’inquiétudes. Les Chinois ne voyagent plus comme avant, ce qui fait souffrir le « travel retail ».
Nicolas Monier
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Nicolas Monier
Les chiffres
- 21,3 Mrds € : le montant des exportations cosmétiques françaises en 2023 (+ 10,8 %)
- 40,2 % : la part de l’Europe dans les exportations (8,6 Mrds €, + 20,8 %)
- Les États-Unis, 1er pays acheteur, avec les parfums (1,2 Mrd €, 1,9 %) et le maquillage/soins du visage (1,1 Mrd€, + 5,3 %)
Source : Febea, 2023, sur la base des chiffres officiels des douanes
Plus de 21 milliards d’euros. Autant dire que les exportations de cosmétiques françaises ont affiché une santé insolente en 2023. Avec une croissance de 10,8 %, le secteur devient le deuxième contributeur au solde positif de la balance commerciale française, derrière le marché de l’aéronautique et devant celui des vins et spiritueux. Comme le souligne Emmanuel Guichard, délégué général de la Fédération des entreprises de la beauté (Febea), « l’Europe reste notre assise principale. C’est significatif dans une période où l’on évoque les problématiques d’inflation et de pouvoir d’achat. C’est donc dans cette zone, qui est relativement homogène en termes d’évolutions économiques, que nous réalisons nos plus fortes croissances ».
À noter que les États-Unis et la Chine comptent aussi beaucoup. Néanmoins, « en 2019, nous faisions près de 50 % de croissance sur le marché chinois. Désormais, c’est plus compliqué car les Chinois ne voyagent presque plus, ce qui pénalise fortement le travel retail », commente le délégué général de la Febea.
« En dix ans, en dépit du contexte géopolitique tendu et de la pandémie, nous avons réussi à doubler le montant de nos exportations. »
Emmanuel Guichard, délégué général de la Febea
Rejet du Ceta avec le Canada
Dans un contexte géopolitique tendu, quelles seront les conséquences pour les exportations en 2024 ? Du côté de la Febea, on reste attentiste. « Le volume des commandes se maintient. On constate plutôt des décalages de trois à six mois. Mais dans le secteur du packaging, qui reste un bon indicateur, les usines fonctionnent avec une cadence de 100 % », assure Emmanuel Guichard. Ce dernier estimant même que les exportations françaises de cosmétiques devraient profiter de l’effet Jeux olympiques : « Les chiffres évoquent des réservations en hausse de 30 % dans tous les hôtels parisiens jusqu’en décembre. »
Petite ombre au tableau, l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et le Canada, le Comprehensive Economic and Trade Agreement (Ceta) fait couler beaucoup d’encre. Dans une tribune publiée le 19 mars dans Les Échos, la Febea, ainsi que d’autres organisations professionnelles, appelaient à la ratification du traité par le Parlement. Mais le 21 mars, le Sénat a rejeté sa ratification par 211 voix contre 44 voix pour. « Si nous perdons l’accord avec le Canada, nous devrons alors payer 30 % de droits de douane. Il faut savoir que les exportations françaises vers le Canada ont augmenté d’un tiers en six ans, passant de 3,2 milliards d’euros en 2017 à 4,2 milliards en 2023 », précise Emmanuel Guichard. Il est donc possible que l’année 2024 perde sa croissance à deux chiffres. Les prochains mois le diront.
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