Carrefour déploie le snacking très rapidement et rebat les cartes de la proximité
Accélération du nomadisme alimentaire, montée en gamme des produits, hybridation avec la restauration rapide : Carrefour rebat les cartes de la proximité. Une évolution qui redéfinit les contours du commerce urbain.
Nicolas Monier
\ 08h00
Nicolas Monier
Les enjeux
- Faire du snacking un levier stratégique de différenciation.
- Adapter l’offre magasin aux nouveaux usages urbains : mobilité, instantanéité, pluralité des attentes.
- Réconcilier accessibilité prix et montée en qualité via des partenariats industriels ciblés.
- Repenser le concept de supérette généraliste avec des logiques de modularité et de spécialisation.
- Renforcer l’attractivité des magasins de flux par des alliances et un ancrage dans le travel retail.
Rendez-vous au Carrefour City du 7 rue de Caumartin, près d’Opéra, dans le 9e arrondissement de Paris. Un magasin en pointe, avec celui de Saint-Lazare (Paris 8e), sur le snacking. Benoit Soury, directeur marché bio et proximité de Carrefour France, semble satisfait : « Il y a six ou sept ans, on était très loin d’une telle offre. Aujourd’hui, la restauration représente en moyenne 7,5 % du chiffre d’affaires d’un Carrefour City, et peut aller jusqu’à 40 % dans certains magasins très urbains. »
Sandwichs, quiches, salades, viennoiseries et menus complets côtoient désormais fruits frais, produits bio, plats chauds à réchauffer et nouveautés à marque Carrefour, notamment dans le magasin de la rue de Caumartin. « Nous avons étoffé notre assortiment pour qu’il soit à la fois accessible, qualitatif et diversifié. C’est une offre qui parle aux étudiants, aux actifs pressés, aux jeunes mamans, aux touristes, etc., poursuit le directeur de la proximité de Carrefour France. Nous avons accéléré le développement de la restauration chaude. C’est le cas notamment dans le magasin de la rue Caumartin, alors qu’il y a encore quelques années, nous étions focalisés plutôt sur les gammes froides. »
Pour accélérer sur le snacking, le groupe dirigé par Alexandre Bompard a également inauguré, il y a quelques mois, un tout nouveau Carrefour City au 166 boulevard Masséna, dans le 13e arrondissement de Paris. Le point de vente incarne la mue du commerce de proximité chez Carrefour. C’est un magasin pilote, vitrine d’un concept repensé, où le snacking et la restauration sur le pouce prennent une place centrale.
« Nos magasins de proximité sont devenus le premier lieu d’achat et de consommation de la restauration hors domicile », insiste Benoit Soury. Un virage stratégique, nourri par l’observation des flux et des attentes. « Le concept Carrefour City actuel a plus de sept ans. Il était temps de le faire évoluer pour mieux répondre aux nouveaux usages, notamment en matière de restauration, de bio et d’e-commerce », confirme Benoit Soury.
Les chiffres
- Entre 7,5 % et 40 % : la part du snacking dans le chiffre d’affaires des magasins Carrefour City
Source : Carrefour
Laboratoire centralisé
Le point de vente du boulevard Masséna est le premier à avoir été transformé, suivi de près par Lille et Grenoble. D’autres les ont rejoints cet été avant une généralisation. La promesse : plus de clarté, et plus de modularité. Le magasin parisien a ainsi vu ses couleurs, son mobilier, et ses implantations revus, son espace bio remanié et sa surface snacking repensée. « Ce nouveau concept se traduit par plusieurs dizaines de micro-adaptations qui reflètent l’évolution de la consommation : les piles ne se mettent plus à l’arrière-caisse, la fraîche découpe gagne du terrain, l’e-commerce explose », constate le directeur de la proximité en France.
À Masséna comme ailleurs, l’offre de restauration a connu une transformation rapide ces dernières années. Pour tenir ce positionnement prix sans renoncer à la qualité, Carrefour s’appuie sur des partenaires industriels spécialisés, capables de produire hors site dans des conditions optimales. « On travaille avec un laboratoire de cuisine centralisé qui nous livre une gamme de sandwichs et salades qui se rapproche fortement du fait-maison », précise Benoit Soury. Les ajustements doivent servir à affiner le concept. Le pilotage de ces sites reste confié à des partenaires en location-gérance, qui nourrissent l’amélioration continue par leurs retours du terrain.
« Nous avons accéléré le développement de la restauration chaude, alors qu’il y a quelques années, nous étions plutôt focalisés sur les gammes froides. »
Benoit Soury, directeur bio et proxi chez Carrefour France
« Tout se fait progressivement et en coconstruction avec nos franchisés : leurs observations et leurs retours du terrain sont très précieux pour ajuster chaque détail de ce concept au mieux », remarque Benoit Soury. Carrefour compte sur cette dynamique pour accompagner l’évolution de son réseau de 1 100 magasins City, sans pour autant en faire une enseigne de snacking pur. « Nous restons des généralistes. Nous ne ferons pas un concept uniquement dédié à la restauration, mais on veut prendre des parts de marché sur le segment de à la restauration rapide, en apportant de la qualité, de l’innovation et du prix », affirme Benoit Soury.
Le modèle reste avant tout celui d’un magasin généraliste, capable de répondre à des besoins multiples, mais plus agile, plus qualitatif, plus segmenté. En témoigne la stratégie menée dans les zones à forte densité de flux : le distributeur a ainsi remporté plusieurs appels d’offres dans les gares avec la SNCF et Lagardère.
Fructueux partenariats
Avec un premier Carrefour City Gare du Nord déjà ouvert, le projet prévoit d’aménager 45 gares du Grand Paris d’ici à 2030. « Il faut pouvoir proposer une offre à un consommateur qui dispose de 4 € comme à un autre qui présente un ticket resto de 15 €. Le snacking n’est plus accessoire, il devient un levier de différenciation », explique Benoît Soury.
De même, le distributeur est à l’origine de la signature d’un tout premier contrat de franchise entre l’enseigne Columbus Café et le magasin Carrefour City de la gare RER de Châtelet-Les Halles, à Paris. En effet, après avoir gagné un appel d’offres et remplacé un Marks & Spencer/Monoprix implanté auparavant, Carrefour s’est s’associé avec l’enseigne de coffee shop pour dynamiser son offre de travel retail.
Sur un espace de 350 m², 50 m² ont été alloués à Columbus Café. De quoi permettre à la marque de proposer une large gamme de son offre sucrée et salée (café, donuts, pâtisseries, etc.). Cet emplacement doit donner la possibilité au groupe Carrefour de profiter de l’expertise et de la notoriété de Columbus Café sur ces instants de consommation plaisir qui lui font encore défaut.
Des partenariats que Carrefour compte bien dupliquer. « Nous venons de récupérer les clés d’un ancien Monoprix implanté sur les deux niveaux du Cnit à La Défense. Nous souhaitons inaugurer la nouvelle mouture d’ici à un an avec une offre de snacking qui devrait représenter 35 % du chiffre d’affaires du magasin, grâce notamment à deux partenaires qui exploiteront des corners en concession », conclut Benoit Soury.
Les propositions sucrées sont particulièrement nombreuses et variées.
Le bar à salade (ou « salad bar ») en libre service est l’un des piliers de l’offre.
Cet article est issu de l'édition du 4 septembre 2025
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