La cession de La Halle clôt le démantèlement de Vivarte
Le groupe Vivarte va se séparer de La Halle, sa dernière enseigne d’importance. L’entreprise a reçu des offres de reprise partielle concernant 60 % des salariés et fera face à un plan social.
Morgan Leclerc
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Morgan Leclerc
Quelle dégringolade ! En 2016, le groupe Vivarte, géant de l’habillement et de la chaussure, comptait encore 16 marques et enseignes (André, Naf Naf, Kookaï, Chevignon, Cosmo Paris, etc.) et un chiffre d’affaires de 2,3 milliards d’euros. Mais face à un endettement majeur (1,5 milliard d’euros) conjugué aux difficultés récurrentes du secteur, ce portefeuille a été cédé morceau par morceau.
Et la voilure va encore se réduire drastiquement avec l’annonce du projet de cession de La Halle, qui représente plus des deux tiers des ventes actuelles de Vivarte. Comme d’autres, La Halle, déjà fragile, a subi de plein fouet un triptyque maudit pour le commerce physique depuis un an et demi, avec la succession des épisodes « gilets jaunes », des manifestations de fin 2019 et de la crise du coronavirus. Ne laissant d’autre choix que de transformer la procédure de sauvegarde d’avril en redressement judiciaire.
La direction de La Halle et les administrateurs judiciaires ont précisé le 26 mai avoir reçu sept offres de repreneurs différents pour l’enseigne, ce qui signifie une vente à la découpe. Les offres concernaient à ce stade 3 195 salariés sur 5 391 et 502 magasins sur 830. « La situation du groupe s’était améliorée depuis deux ans mais avec un Ebitda redevenu négatif depuis peu et des réserves de cash qui se réduisaient très vite, nous allions vers la cessation de paiement si nous ne faisions rien », souligne Patrick Puy, président de Vivarte. Pendant le confinement, chaque mois de fermeture s’est traduit par un manque à gagner de 80 millions d’euros. « Nous allons travailler à améliorer les offres actuelles et, d’ici à fin juin, nous demanderons que soient entérinés les cessions et le plan social pour le personnel qui ne sera pas repris », poursuit-il. Le dossier pourrait être clos début juillet, les notifications de licenciements étant attendues début août.
Valse des dirigeants
Cet épisode sonne le glas d’un groupe au parcours tumultueux, engagé dans une course folle à la croissance mais plombé par un énorme endettement et un LBO datant de 2007 que Vivarte a depuis traîné comme un boulet. Un péché originel générant des inquiétudes récurrentes des salariés devant les échéances de remboursement et les menaces finalement avérées de démantèlement. Les revirements stratégiques n’ont rien arrangé, tout comme l’accélération de la valse des dirigeants. Enfin, le secteur de la mode a vu monter en puissance la vente en ligne et certains concurrents féroces, comme Primark, auxquels Vivarte n’a pas su répondre. « Les retailers font aujourd’hui face à trois effets conjugués. Il y a la révolution du retail, qui s’accélère, avec de plus en plus de web et d’omnicanal qui requièrent des investissements importants. Ensuite, il y a une récession. Et enfin, certains changements sont induits par le Covid-19 », pointe Bernard Demeure, partner chez Oliver Wyman spécialisé dans la distribution.
Plus que deux enseignes
Dernièrement, l’entreprise semblait pourtant remise sur les rails, après avoir vendu une grande partie de ses actifs. Le problème de l’endettement avait été réglé par la manière forte en 2019 via un mécanisme de fiducie, les anciens actionnaires perdant leurs mises, et les créanciers (notamment les fonds Alcentra, Anchorage, Hayfin et Oaktree) devenant les nouveaux maîtres à bord. Alors que l’Ebitda était négatif de 100 millions d’euros il y a quatre ans, il était positif de 40 millions sur le dernier exercice, avec un résultat opérationnel courant proche de l’équilibre (-1,5 million d’euros). En clair, la restructuration à marche forcée opérée par Patrick Puy, appelé chez Vivarte pour cette mission, semblait porter ses fruits. Mais en plus d’une conjoncture compliquée pour la mode, des situations exceptionnelles ont fait vaciller de nouveau ce fragile équilibre. « Quand trente samedis de suite vous enregistrez des ventes en baisse de 50 % par rapport à la normale, la prochaine crise vous met à terre. Le Covid-19 est venu s’ajouter à une situation déjà compliquée », déplore Patrick Puy, précisant que le plan social à venir « ne sera pas très généreux, car nous n’avons pas les moyens de l’être ».
Pour Vivarte, la notion de groupe est désormais toute relative, puisqu’une fois La Halle sortie du périmètre, il ne comptera plus que deux vestiges : Caroll et Minelli (un temps mis en vente, mais qui n’a pas trouvé d’acquéreur). Deux enseignes qui officiellement ne cherchent pas de repreneur et représentent 360 millions d’euros de ventes. Soit un chiffre d’affaires du groupe divisé par plus de six depuis 2016.

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