Le Millénaire nous dévoile ses coulisses
Quarante jours exactement avant qu'il n'ouvre au public - le mercredi 27 avril - le futur centre commercial du Millénaire à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis) aux portes nord-est de Paris, était encore un immense et fourmillant chantier. LSA l'a visité en exclusivité, le 18 mars. Et à l'heure où vous lisez ces lignes - à J-20 - nul doute que les 1 600 ouvriers en casque et gilet fluo redoublent d'activité dans ses galeries et espaces extérieurs. Pour livrer en ordre de marche, ce centre aux 10 millions de visiteurs annuels attendus.
Entrons dans les coulisses toutes bruissantes de scies et de perceuses, traversées de câbles, encombrées d'échafaudages, de ce qui sera non seulement la plus grande ouverture commerciale de l'année avec ses 56 000 m² et 130 commerces. Mais aussi un équipement majeur pour la capitale, qui rayonnera sur une population de un million d'habitants à moins de vingt minutes. Et sera à portée de shopping des 20 000 actifs de la communauté d'agglomération Plaine Commune, au coeur d'un nouveau quartier qui vise la revitalisation économique du nord parisien.
Chantiers A et B
En attendant, « 140 maîtres d'ouvrage sont à l'oeuvre sur le chantier », explique Denis Alalouf, directeur de la production Région Ile-de-France de Klépierre-Ségécé, coédificateur du site avec Icade. Ces deux promoteurs, investissant 400 M€ dans le site, sont assemblés à parité dans la SCI du Bassin Nord assurant la maîtrise d'ouvrage. C'est sous son autorité que travaille « l'équipe dite du " Chantier A ", se consacrant à l'aménagement des parties communes du centre avec 600 personnes et trente corps de métiers ». C'est elle qui va donner aux galeries et aux extérieurs du centre son « style », sous la houlette de l'architecte Antoine Grumbach, le maître d'oeuvre du projet. Qui, en réminiscence des anciens docks des Magasins généraux occupant le lieu, a imaginé une architecture où l'on retrouvera la brique, « ainsi que des influences contemporaines de terrasses, rues couvertes, allées larges et lumineuses, une vraie ville avec des bâtiments divers. Loin de toute uniformité ».
Mais tandis que les ouvriers s'attellent aux finitions de ce contenant, 800 autres du « chantier B » s'activent à la mise en forme du contenu : les locaux des 130 magasins et commerces. « Nous avons mis la plupart des coques à disposition des locataires en février, l'aménagement prenant un à deux mois, précise Denis Alalouf. Pour de plus grandes surfaces, comme Carrefour, cela prend six à sept mois, et les aménageurs sont à l'oeuvre depuis juillet. » À mesure que les vitrines et enseignes se mettent en place « le centre se métamorphose, se colore, prend vie », se réjouit Paul du Haÿs, responsable de projets de Ségécé-Klépierre.
Casque et casquette
Mais attention : il ne faut pas que les initiatives des artisans du Chantier B « pervertissent » le geste architectural des bâtisseurs du Chantier A ! En clair, les commerçants ont toute latitude d'exprimer leurs concepts, mais sans dépasser du cadre qui leur est imparti. Tel tente d'accrocher un bandeau au-dessus de sa vitrine en empiétant sur l'espace de la galerie, tel autre serait prêt à rompre la perspective épurée d'une série de vitrines en y intercalant sa façade de magasin aveugle... « Sans dogmatisme, mais avec autorité, il s'agit de trouver le juste dosage entre le libre épanouissement du commerce et un respect de l'esprit du lieu », résume Paul du Haÿs. Tandis que Didier Ribierre, le directeur du Millénaire, qui, en attendant de mettre la casquette de capitaine du paquebot, porte le casque d'inspecteur des travaux (bientôt) finis. Et prépare sa mise en eau commerciale en accueillant les exploitants pour leur expliquer le fonctionnement et les consignes (nettoyage, sécurité...) de la « machine ».
Même dans les trépidations de ses finitions, il a de l'allure le Millénaire ! Sa couverture, tout de verre, est finie. Cela pourrait paraître une banalité de dire qu'il s'ouvre à la lumière naturelle, tant les autres centres se réclament de ce mode d'éclairage, mais Didier Ribierre souligne « la prouesse technique de ce toit de un hectare de verre, où la partie opaque des portants blancs alternée avec les panneaux transparents permet de doser la luminosité solaire, d'absorber les gènes acoustiques, tout en offrant un support aux agents d'entretien ».
Du verre.... et de l'eau. L'élément aqueux est l'autre grand référent du centre. Baigné sur deux de ses côtés - par le canal Saint-Denis et par un bassin adjacent -, sa façade sud-ouest donnant sur ces quais sera occupée par des restaurants à terrasses, et même sur une péniche. L'un des moyens d'accès - outre une prolongation de la ligne 12, le tramway T3 et une future station Eole - sera la navette fluviale.
Côté végétal et côté digital
Comme engendré par cette irrigation, un projet de jardinerie était initialement prévu à la pointe est du centre. Mais il ne s'est pas fait. Il laisse pourtant son empreinte thématique dans le plan d'ensemble, soit deux niveaux de commerces et autant de parkings : « Du côté de la place intérieure est, le décor sera d'inspiration végétale, avec un mur de plantes, des dominantes vertes, dévoile le directeur du centre. Il fera pendant au côté digital et orangé de la place ouest, équipée d'un immense écran. Cela jusqu'aux niveaux de parkings respectivement baptisés Lierre et Verger, Pixel et Molécule. » Le tout sous la palette de l'agence de design Saguez et Partners.
Côté « organique », la façade Est du bâtiment aux allures de serre, cède aux courbes et à la pierre façon meulière d'une « architecture de jardin ». Au pied de laquelle pousseront quelque 12 000 m² d'espaces verts, encore en cours de plantation il y a trois semaines ! En contraste avec les lignes droites et les briques de dock d'une «architecture urbaine », à l'ouest.
L'intérieur d'un centre en travaux à J - 40 ressemble un peu aux cadeaux de Noël à moitié emballés... ou déballés, on se sait plus ! Telles les rambardes des galeries encore préservées des coups sous leurs couches de protection. Ou le majestueux « escalier Chambord » à double hélice de l'entrée ouest, en partie empaqueté. Du nom de son modèle dans le célèbre château de la Loire... De même, si le sol est posé depuis cinq à six mois - pavés et pierre de lave au rez-de-chaussée, céramique façon parquet à l'étage -, il est recouvert d'une protection.
Et tandis que l'armada du Chantier A perchée jusqu'aux cintres de l'édifice finit les parties communes - aires de repos, mobilier intérieur, support d'éclairage -, le corps expéditionnaire du Chantier B s'active dans les profondeurs des futurs magasins livrés bruts de décoffrage aux enseignes.
Il est, du reste, amusant de comparer l'état d'avancement de ces minichantiers ! De là à en tirer des conclusions sur la capacité de mobilisation et d'anticipation des enseignes... Certains magasins aux rideaux baissés semblent prêts à ouvrir, comme Histoire d'Or, Micromania ou Agatha. Dans les 4 100 m² du futur Carrefour encore bruts, à peine commence-t-on à monter les rayons. Pourtant, vision surréaliste, une affiche promo « 88,09 € » et une palette de papier ménager trônent dans le décor.
Au fil de l'eau...
Comme les enfants à Noël, encore, on aimerait tout voir avant le jour J ! Mais on ne fait qu'entrapercevoir des « morceaux » de concepts : des luminaires fuchsia et des murs vert pomme chez Confo Déco ; des signalétiques « cuisiner », « manger » chez Hema ; un meuble Hello Kitty chez Babies ' R ' Us... Du futur A Loja do Gato Preto, enseigne portugaise de décoration design à petits prix, à peine saisira-t-on à travers l'encadrement d'une palissade, ce « tableau » à la Rembrandt : trois concepteurs penchés sur le halo éclairé d'un plan, dans les profondeurs obscures du local... Quant au futur Flunch - qui n'ouvrira pas le 27 avril -, c'est encore un immense local vide.
Ou voudrait bien savoir aussi quelles surprises réserve l'inauguration du Millénaire le 26 avril. Mais inutile d'insister auprès du maître de cérémonies, Julien Bart, le responsable marketing. Tout juste saura-t-on que l'eau en sera le thème. Comme chantait Jean Gabin dans La Belle Équipe : « Quand on s'promène au bord de l'eau, comme tout est beau, quel renouveau ! » Le renouveau ici, outre celui des cerisiers en fleurs, étant celui attendu du commerce nord-parisien.
Les chiffres du Millénaire
- 56 000 m² : La surface de commerces sur 2 niveaux. 2 niveaux de parking (2 800 places)
- 130 : Le nombre de magasins, dont Carrefour sur 4 100 m²
- 400 M€ : Le montant global de l'opération cofinancée par Icade et Klépierre-Ségécé Valider
Source : Icade et Klépierre-Ségécé
Le rétroplanning des 20 derniers jours
- J-20 Approvisionnement : La mise en place des marchandises a débuté, pour les moyennes surfaces, puis pour les boutiques
- J-15 Inspections : Visites des autorités administratives - commissions de sécurité, d'accessibilité, etc.
- 26 avril : Autorisation Arrêté d'ouverture du maire d'Aubervilliers
Inauguration Soirée d'inauguration du centre, avec des animations sur le thème de l'eau
- 27 avril : Ouverture Le Millénaire ouvre au public à partir de 9 heures pour Carrefour et de 10 heures pour les boutiques
Des enseignes exclusives
Européennes
- OVS Industry Prêt-à-porter du groupe italien Coin
- A Loja do Gato Preto Enseigne portugaise de décoration design à petits prix
- Decimas Enseigne espagnole d'équipements de sport
- Polinesia Concept espagnol de prêt-à-porter sportswear
Françaises
- Fascination Enseigne indépendante d'articles recyclés, bio, équitables.
Premières en Ile-de-France
- Confo Déco Ouvre son deuxième magasin
- Alcott Mode italienne ciblant les 15-25 ans
95%des surfaces commerciales sont loués. La majorité des enseignes ouvriront le 27 avril. Mis à part quelques unes qui suivront dans la quinzaine ou le mois suivants.
Didier Ribierre, directeur du centre commercial le Millénaire
![En magasins, les distributeurs accélèrent sur le digital [Etude]](/images/placeholder.jpg)
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