Une start-up veut révolutionner le marché du bœuf avec sa viande à haute densité nutritionnelle
La jeune pousse connaît une croissance à deux chiffres pour sa première année de commercialisation et ambitionne d’aller plus loin dans la viande de bœuf.
Charlotte Barriquand
\ 08h00
Charlotte Barriquand
Un constat simple : une partie de la population est carencée en nutriments. Une solution : proposer des produits à plus forte densité nutritionnelle. C’est de ce principe qu’est née Féroce, marque fondée par David Nicolas. "Mon idée est de remettre du sens dans un aliment comme la viande, qui souffre de nombreuses idées reçues", explique t-il.
Une recette innovante et rentable
Le premier produit développé est un haché composé à 80 % de bœuf et 20 % d’abats ultra-nutritifs (notamment cœur et foie). L’objectif : valoriser davantage la carcasse, habituellement utilisée à seulement 60 %. "Nous sommes parvenus à monter ce taux à 85 %", souligne le fondateur. Le pari s’avère payant.
En un an, la marque enregistre une croissance mensuelle à deux chiffres et réalise déjà 220 000 € de chiffre d’affaires par mois, uniquement via la vente directe dans ses locaux de Haute-Savoie. De 500 kg de viande vendus par mois fin 2024, Féroce est passée à 6 tonnes, avec un objectif de 10 tonnes d’ici janvier 2026. Pour le moment, la marque n'est pas commercialisée en GMS et n'est disponible que sur commande par via le site internet pour être livré chez soi, ou à venir récupérer dans les locaux de l'entreprise, en Haute-Savoie.
Une filière mieux rémunérée
Côté sourcing, la marque privilégie les races rustiques nourries à l’herbe (Angus, Limousine, Charolaise), capables de vivre dehors toute l’année. Pour sécuriser son approvisionnement, David Nicolas a mis en place sa propre filière, regroupant déjà 16 fermes partenaires, avec deux nouvelles qui rejoignent chaque mois.
Féroce achète chaque carcasse en entier et garantit un prix fixe de 6,70 € par kg carcasse, au-dessus de la moyenne du marché (5 à 6,30 €). "Nous voulons répondre aux difficultés structurelles de la filière bovine, marquée par une perte de plus d’un million de vaches depuis 2016 et une faible attractivité du métier", précise le fondateur.
Transparence et impact environnemental
La transparence est un axe central du projet. Chaque lot est traçable via un QR Code renvoyant vers l’éleveur, ses pratiques et les analyses nutritionnelles. Le haché Féroce obtient un Planet Score B, soit un meilleur classement que 99 % des 200 000 viandes analysées.
Une gamme en expansion
Outre les pièces classiques (entrecôte, faux-filet), Féroce mise sur son haché signature et élargit progressivement sa gamme : boulettes de bœuf aux rognons, graisse de bœuf riche en oméga 3, et bientôt un bouillon d’os. L’objectif : valoriser la carcasse dans son intégralité. Et la marque ne compte pas s’arrêter à la viande. Elle explore aussi les produits de la mer (comme des rillettes à base de sardines entières) et envisage un "protocole Féroce" complet d’ici fin 2026.
Dans le même temps, un projet de plate-forme de formation pour accompagner les agriculteurs vers des pratiques plus durables est en cours, ainsi qu’une campagne de financement participatif permettant aux clients de cofinancer les exploitations. "C’est une manière de soutenir concrètement les éleveurs et de répondre au manque de main-d’œuvre dans le secteur", conclut David Nicolas.
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