Drives: développer la mutualisation

Pour répondre au succès du drive et réduireles coûts, les distributeurs déploient des outilsde massification de la préparation des commandes pour livrer plusieurs magasins depuis des hypers ou un entrepôt. Chez les indépendants, cela repose sur une association pour créerune structure commune.

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Drives: développer la mutualisation
Les enjeux
  • Augmenter la productivité pour les organisations sans taille critique (petits magasins) ou, à l’inverse, trop sollicitées par de gros volumes de commandes.
  • Réduire les coûts de façon significative.
  • Libérer les magasins des nombreuses contraintes du picking.
  • Limiter très significativement les ruptures.

Pour écraser les coûts fixes, des enseignes ont décidé de préparer les commandes de plusieurs magasins en un seul lieu, en mutualisant les efforts. Carrefour a ainsi créé depuis trois ans des plates-formes de préparation de commandes (PPC). Trois d’entre elles irriguent la région parisienne pour fournir les près de 90 drives piéton dans la capitale et une partie des magasins.

Dans celle du Plessis-Pâté (91), que LSA a visitée, l’entrepôt a été robotisé avec la participation d’Exotec, ce qui permet de traiter 200 000 articles par jour et de livrer une partie des drives du sud de l’Île-de-France. Combien exactement ? L’enseigne ne le dira pas. Comme elle ne détaillera pas non plus le nombre de commandes traitées par jour ou l’investissement nécessaire pour un tel entrepôt. On entre là dans les secrets de fabrication qui font – ou pas – la rentabilité du modèle. Une chose est sûre, l’industrialisation des process permet d’aller bien au-delà des 120 à 150 articles/heure récupérés en moyenne par un salarié qui fait du picking magasin.

Mise en commun de moyens

Au Plessis-Pâté, 15 000 références alimentaires sont stockées dans 35 000 bacs logés dans une structure robotisée, qui monte jusqu’à 12 mètres. La majorité des produits sont acheminés au préparateur par des robots pour les ajouter aux commandes en cours de traitement (selon les principes du goods-to-man et put-to-light). Les PPC ont été implantées en région parisienne et lyonnaise, où le flux de commandes est suffisant pour légitimer que l’on déleste une partie des magasins de la préparation. Celle du Plessis-Pâté, ouverte il y a un an, était dédiée au drive mais gère aussi la livraison à domicile depuis peu. Au total, Carrefour compte 8 sites logistiques en France dédiés à la préparation des commandes e-commerce dont 4 PPC, et 15 sites drives « hybrides » (dont du microfulfillment adossé aux gros hypermarchés).

Depuis, les exemples de mutualisation se multiplient. Casino a dévoilé la création de son premier « solo in shop », un mini-entrepôt de 1 500 m² dans l’hypermarché Géant de Plan de Campagne (13), qui doit entrer bientôt en activité. « Aujourd’hui, il faut être plus productif en regroupant la préparation de commandes de plusieurs drives au même endroit », a justifié à LSA Tina Schuler, directrice générale de Distribution Casino France.

C’est cette approche qui a aussi été déployée par E. Leclerc pour s’attaquer au marché parisien, dans une logique certes différente, mais avec deux entrepôts dédiés (un pour le sud de Paris, un pour le nord), qui préparent les commandes de la livraison à domicile et des Relais E. Leclerc.

La logique de mise en communs des moyens employée par Intermarché est, elle aussi, aboutie. Début 2020, Thierry Cotillard, alors président de l’enseigne, ne cachait pas son insatisfaction. Si Intermarché gagnait des parts de marché, le drive ne pesait que 3 % des ventes, contre plus de 10 % chez E. Leclerc. « Il fallait réagir », déclarait-il à l’époque.

Une logique de grappes

Une partie de la réponse s’est matérialisée par Star Drive, à Neuilly-sur-Marne (93), un entrepôt de préparation robotisé en étoile, qui est géré par et pour 14 adhérents, et autant de magasins de la région parisienne. L’offre couvre 9 000 références, avec un transtockeur Knapp qui accueille 6 500 bacs pour les produits secs et frais, acheminés aux préparateurs via un convoyeur. Les pondéreux et les surgelés sont ajoutés à ces commandes dans une « zone de réconciliation », le tout étant envoyé aux magasins concernés par camion, qui doivent être dans un rayon de vingt-cinq à trente minutes de trajet maximum.

À les entendre, l’alliance de ces différents adhérents d’une même zone, dont les drives saturaient, est perçue comme une bouffée d’oxygène, du fait de la rapidité de préparation liée aux technologies. L’entrepôt, sur 3 000 m² (un autre de 4 000 m2 existe à Lyon), doit atteindre un chiffre d’affaires de 14 millions d’euros dès cette année. Et une fois saturé, il devrait être rentable au bout de trois ans. Le coût de la prestation est facturé 0,35 € par UVC, en plus de la facturation de la marchandise. Cette solution pourrait être déployée par dizaine sur le territoire avec une logique de grappes, à condition de regrouper un nombre suffisant de magasins. Soit une cinquantaine d’unités dans un premier temps, avancent les cadres du groupement. À Neuilly-sur- Marne, l’investissement s’élève à un plus de 5 millions d’euros.

À peu près la même enveloppe que celle investie par plusieurs associés U dans leur projet de mutualisation logistique sur l’agglomération lyonnaise : un entrepôt dédié à la préparation des commandes pour la livraison à domicile et le drive piéton, qui devrait s’étendre à des drives solos en 2022 et qui permet, aujourd’hui, d’atteindre 99,5 % de taux de service. « Soit 0,5 % de manquant sur 10 000 commandes par semaine. Ce taux, c’est la clé de ce qui structure l’e-commerce », indique Aurélien Pouzin, directeur général de Courses U à Lyon, à la tête de cette structure depuis sa création en 2019.

Le Star Drive d’Intermarché à Neuilly-sur-Marne
Un transtockeur Knapp qui accueille 6 500 bacs apporte directement les produits secs et frais aux préparateurs de commandes, pour un gain de temps considérable. Les pondéreux et les surgelés sont ajoutés manuellement dans les commandes, qui sont envoyées aux drives concernés dans un rayon de vingt-cinq minutes de trajet. Un autre Star drive existe à Lyon.
  • Surface : 3 000 m2, Seine-Saint-Denis
  • 3,5 M € d’investissement pour les machines, et 1,8 M € pour l’entrepôt
  • Deux postes de préparation permettent de préparer 60 commandes par heure
  • Prérequis : réunir des magasins, dont le chiffre d’affaires cumulé est d’au moins 9 M €
  • Taux de rupture : 2 points, contre 12 à 15 points en magasin.
  • Saturation de l’entrepôt à partir de 14 M € de CA
La plate-forme de préparation de commandes de Carrefour du Plessis-Pâté
Pour desservir le sud de l’Île-de-France, Carrefour a fait le choix de préparer massivement une partie des commandes drives dans cet entrepôt robotisé parla start-up française Exotec. Pour le sec, les robots ont la charge d’apporter directement l’un des 30 000 bacs aux 8 préparateurs de commandes pour y piocher les produits demandés. Pour le frais, l’assortiment est réparti dans 5 000 bacs. Au total, 200 personnes sont nécessaires pour faire tourner l’outil en permanence (même de nuit), six jours et demi sur sept. Carrefour refuse d’indiquer le nombre de commandes traitées. Tout juste sait-on que 200 000 articles sont reçus et traités par jour, quasiment en flux tendu. En parallèle, 4 hypermarchés sont équipés de la même solution Exotec, sur des surfaces plus réduites (de 1 000 à 2 000 m2), et avec un nombre de robots divisé par 10.
  • Surface : 24 000 m2, Essonne
  • 8 postes de préparation de commandes
  • 225 robots (155 sur le sec, 70 sur le frais)
  • 99,7 % de taux de conformité du picking produits, qui peut être complété par un dernier tour en magasin si nécessaire

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