Ebro devient le numéro deux mondial des pâtes fraîches
Ce n’est un secret pour personne : le leader des pâtes sèches en France, Panzani, veut accélérer sa percée sur le frais. En mettant la main sur l’italien Bertagni, la filiale française du groupe espagnol Ebro devient le numéro deux mondial des pâtes fraîches.
Marie Cadoux
\ 16h28
Marie Cadoux
Bertagni, le spécialiste des pâtes fraîches haut de gamme
- 70 M € de chiffre d’affaires
- 2 usines en Italie, à Vicence et Avio
- 275 salariés
Source : Panzani
Chez Panzani France, les débuts d’année se ressemblent. En janvier 2017, la filiale française du groupe espagnol Ebro – l’un des premiers groupes agroalimentaires espagnols, coté à Madrid, qui affiche un chiffre d’affaires de 2,5 milliards d’euros et s’affirme comme le numéro un mondial du riz et le numéro deux mondial des pâtes sèches – mettait la main sur Vegetalia, pionnier du bio en Espagne avec une production de produits frais à base de protéines végétales. Un an plus tard, le groupe espagnol, toujours via sa filiale française, poursuit son offensive dans le frais. Cette fois, la cible est l’italien Bertagni, marque ancestrale de pâtes fraîches dont la création remonte à 1883, à Bologne.
Avec deux usines implantées dans le nord de l’Italie, l’une à Vicence et l’autre à Avio, Bertagni affiche un chiffre d’affaires de 70 millions d’euros dont plus de 90 % sont réalisés hors du pays. Dans cette opération, les dirigeants de Bertagni, Enrico Bolla et Antonio Marchetti, ont cédé 70 % du capital à Ebro, dont 60 % à sa filiale française Panzani et 10 % à Garofalo, contrôlé également depuis 2014 par Ebro.
Avec l’acquisition de Bertagni, Ebro devient donc le numéro deux mondial des pâtes fraîches, marché sur lequel il est déjà présent en France, avec Lustucru, repris en 2001, et au Canada, avec Oliveri, acquis en 2014. « Il y a quinze ans, Panzani France n’était absolument pas présent sur les marchés du frais. Désormais, il y réalise 40 % de son chiffre d’affaires, soit 300 millions d’euros. D’ici à cinq ans, le frais devra contribuer à hauteur de 50 % du chiffre d’affaires du groupe », prévient Xavier Riescher, le PDG de Panzani France. Il s’agit, il est vrai, d’un marché porteur. Selon les données de Nielsen, les catégories du frais non laitier ont, en 2017, progressé de 3,7 % en valeur contre seulement 1,1 % pour l’épicerie salée. Sur le segment des pâtes fraîches, Lustucru affiche une croissance de 11 %. De quoi aller plus loin avec cette acquisition.
Déjà partenaires
Panzani France et Bertagni sont loin d’être des inconnus l’un pour l’autre puisque c’est sur le savoir-faire de l’italien que la filiale française du groupe espagnol s’est appuyée pour orchestrer le lancement de la marque Garofalo au rayon frais. « Avec cette opération, nous allons financer l’investissement industriel dont a besoin Bertagni et accélérer le développement de Garofalo sur le frais. De son côté, Bertagni va pouvoir s’appuyer sur le portefeuille de produits de Lustucru pour élargir ses marchés, notamment à l’export et pour ses clients de la restauration hors domicile », explique Xavier Riescher. Avec un savoir-faire de Lustucru sur le marché des pâtes farcies (25 % de PDM en France et une croissance de 10 %), sur les gnocchis à poêler (+ 18 %) et sur les box (+ 25 % de croissance en 2017 selon les données de Nielsen), les perspectives de développement sont assurément loin d’être négligeables pour Bertagni.