La filière Fraise Label Rouge relève les défis de consommation
Malgré les problèmes de pouvoir d’achat des Français, de concurrence de l’Espagne, de coûts des énergies et de la main d’œuvre, de contraintes liées à la loi anti-gaspillage, la filière Fraise Label Rouge se réjouit d’un début de saison précoce, offrant des produits de qualité, à des prix encore maîtrisés.
Daniel Bicard
\ 15h55
Daniel Bicard
Cette année, la Fraise Label Rouge est vendue entre 3,50 et 4,50€ la barquette de 250 grammes de Gariguette. Ce qui reste raisonnable. Le communiqué de la filière Fraise Label Rouge faisant état « d’un début de saison 2023 plutôt encourageant. Mais cet équilibre demeure fragile dans le contexte économique et social actuel ». L’occasion de faire le point sur la campagne en cours, « entre les problématiques de pouvoir d’achat des Français, la concurrence de l’Espagne et les coûts d’énergie ».
Une centaine de producteurs impliqués
Du côté des bonnes nouvelles, malgré ces nombreux défis, la filière Fraise Label Rouge demeure convaincue de son potentiel et déclare croire plus que jamais en son produit d’exception. « Depuis bientôt 15 ans, nos producteurs s’attachent à produire des fraises de haute qualité gustative en respectant les critères stricts du cahier des charges : taux de sucre, brillance, fraîcheur, couleurs… Nous avons réussi collectivement à faire émerger une offre de fraises haut de gamme en complément de notre cœur de marché. Le travail réalisé a porté ses fruits, mais nous devons rester vigilants, ne pas rester sur nos acquis et continuer à être à l’écoute des consommateurs. Innover pour répondre aux nouvelles problématiques que rencontre la filière » déclare Éric Bazile, ancien président de l’AIFLG (Association des Fruits et Légumes du Lot-et-Garonne). Chaque saison, de nouveaux producteurs intègrent la filière Fraise Label Rouge passant de 7 en 2009 à quasi 100 en 2023, « preuve que le marché reste porteur et que les distributeurs souhaitent garder une segmentation haut-de-gamme sur ce produit ». Éric Bazile revendique même une portée nationale, « à condition que tout nouvel entrant dans la démarche respecte les conditions d’un cahier des charges supérieur et strict (calibre, homogénéité, taux de sucre minimum, brillance, fraîcheur…), garant de la pérennité et de la valorisation d’une telle démarche. »
Et la Mariguette fût…
La dynamique prônée par la filière provient des producteurs mais aussi des produits. Ainsi en 2021, la filière Fraise Label Rouge a commercialisé une quatrième variété : la Mariguette. En 2023, la filière vise 600 tonnes de Label Rouge commercialisées, toutes variétés confondues, contre 510 tonnes en 2022. « Cette année, la récolte a été légèrement précoce avec des mois de janvier et février ensoleillés ce qui a permis un taux de sucre très élevé et donc une qualité assez exceptionnelle pour le lancement de la saison. La qualité attendue est au rendez-vous, de même que la main d’œuvre qualifié qui avait manqué ces trois dernières années de campagne ». Et côté commercialisation, l’AIFLG a demandé à tous ses commerciaux de « muscler les programmes avec la distribution pour être référencé et engagé dans les promotions ». Si le prix affiché - entre 3,50 et 4,50€ la barquette de 250 grammes de Gariguette- marque une légère hausse celle-ci reste « minime par rapport à celle initialement prévue qui s’explique par une augmentation peu ressentie du gaz à ce jour par les producteurs : bien souvent en contrat sur plusieurs années, le renouvellement aura surtout lieu en 2024 ».
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Coûts de l’énergie et charges à la hausse
La filière Fraise Label Rouge se déclare donc en adaptation permanente afin de faire face aux enjeux et défis du secteur agricole. « Le dernier en date réside dans la flambée des coûts de l’énergie. En effet, si la production de fraises n’est pas directement impactée par le conflit en Ukraine, ce dernier a tout de même entraîné une augmentation des coûts de l’électricité, du gaz et des carburants. Cette hausse, couplée à celle du coût des intrants (emballages, engrais, matières premières…) et de la main d’œuvre, entraîne une augmentation des coûts de production pour la filière ». Sur le phyto, l’intrant et les emballages, « les producteurs constatent une augmentation de 20 à 30% sur chaque poste, variant bien sûr en fonction de la taille de l’exploitation ». Côté main d’œuvre, « les deux augmentations successives du SMIC pour faire face à l’inflation entrainent mécaniquement une augmentation des charges salariales pour l’employeur : de nombreux saisonniers sont en effet embauchés pour la récolte de fraises. Au total, ce poste a entrainé une hausse de 7 à 8% des charges en seulement un an ». Au final, «cette hausse des coûts fragilise la filière et tend à réduire fortement les marges des producteurs ».
La concurrence de la fraise d’Espagne
Parallèlement, l’inflation de ces derniers mois influence le pouvoir d’achat des consommateurs et leur impose de faire des choix dans leur alimentation et dans le type de produits consommés. « Il y a donc un risque que la consommation de produits plaisirs passe au second plan au profit des économies à réaliser. Cette même inflation pousse la grande distribution à continuer de commercialiser la fraise d’Espagne, principale concurrente, en tant que premier prix (ce qui n’était pas le cas l’année dernière) afin de répondre au besoin et attentes des consommateurs ». À tout cela, s’ajoute la loi anti-gaspillage qui prévoit l’interdiction de l’emballage plastique de tous les fruits et légumes à l’horizon 2026. « La filière Fraise Label Rouge va devoir trouver des alternatives à l’emballage plastique en prenant en compte les nombreuses contraintes liées au produit : la protection des fraises (tenue des fruits et amortissements des chocs), la bonne mise en valeur du produit qui prend une place importante dans le cahier des charges et dans la motivation d’achat du consommateur, le transport et le stockage, l’aspect financier, la sécurité d’approvisionnement… Si cette loi a été suspendue pour le moment, créant un soulagement pour la filière à court terme, elle pose de nombreuses inquiétudes pour les années à venir ».
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