Électrodomestique : La technologie, mais pas seulement...

Robot de cuisine connecté, assistant virtuel combiné à l’intelligence artificielle, four tactile contrôlable à distance… Si les innovations, souvent spectaculaires, se bousculent chez les gros fabricants, les PME n’ont pas dit pour autant leur dernier mot. Face à des références à la pointe de la technologie, souvent chères et donc peu accessibles, les petites entreprises continuent d’inventer sur des secteurs justement très propices aux nouveautés technologiques. « Il faut systématiquement avoir un coup d’avance », résume Matthieu Delporte, CEO de Kolibree, fabricant de brosses à dents connectées.

Sur des marchés en croissance et extrêmement concurrentiels, la réactivité des PME est essentielle pour lutter contre les Seb, Samsung et autres Philips. Un esprit très « start-up » pour ces entreprises parfois créées il y a plusieurs dizaines d’années, et qui mettent en avant l’agilité de leurs structures comme atout pour aller plus vite. C’est ainsi qu’E. Zicom, qui fabrique notamment des aspirateurs robots, a rapidement rencontré le succès. La société s’est positionnée dès 2010 sur un secteur alors émergent et constitué de peu d’acteurs. Même constat pour l’audio et les smartphones. « Les entreprises, fabricantes ou non, sont plus actives sur les marchés de niche, analyse Michael Mathieu, directeur de clientèle image et télécoms chez GfK. Dans un premier temps, leur but est de les exploiter, car elles se positionnent là où les grandes marques n’existent pas. Cela leur permet de réaliser des marges et de vivre. » Pour Matthieu Cortesse, directeur de clientèle PEM chez GfK, « l’innovation est essentielle car elle améliore l’expérience client. Le PEM, c’est avant tout un ensemble d’objets que l’on utilise au quotidien, que l’on tient dans la main ». Marie Mérouze, jeune dirigeante de Marbotic, confirme : « La recherche et développement fait partie de l’ADN des start-up, qui introduisent des produits innovants et souvent disruptifs. »

L’expérience avant l’innovation

Mais de l’aveu même des PME, force est de constater que la technologie ne suffit plus. « L’innovation ne doit pas porter que sur la technologie, analyse Gary Dauman, CEO d’E. Zicom. Il faut aussi être premier sur l’offre, sur le prix, sur le design. » Un constat partagé par Bruno Lussato, l’un des trois fondateurs de Wistiki. « Avoir une bonne idée, c’est bien, mais cela n’empêche pas les gros acteurs d’arriver sur le marché. » Parfois, l’innovation technologique est même reléguée au second plan, laissant la place au service rendu par le produit à son utilisateur. C’est l’appro­che de Wistiki, qui propose un porte-clés connecté . Doté d’un dispositif simple – une géolocalisation des objets via le réseau Bluetooth –, l’objet se vend plutôt bien : 500 000 unités ont été écoulées depuis 2015, date de sa commercialisation.

Autre argument de vente : le made in France. C’est sur cette valeur que s’est bâti le succès de Krampouz, société bretonne spécialisée dans les crêpières et autres planchas. Un argument certes efficace, mais qu’il faut parfois nuancer par une étape de fabrication délocalisée. Ainsi des produits d’E. Zicom, dont la production est réalisée en Asie même si la cellule R & D est implantée à Dijon, ou des articles de Marbotic, conçus en Chine. Chez Kolibree, Matthieu Delporte explique : « Nous avons des accords bilatéraux de coopération avec les Philippines, où sont travaillées nos brosses à dents connectées, pour que les pays en voie de développement profitent aussi du business. »

Wistiki

 Paris (75)

 Objets connectés

 CA 2016 : NC

 15 salariés

• Son innovation phare

Voilà ! le porte-clés qui permet de ne plus perdre ses clés

En 2016, Wistiki a écoulé 500 000 exemplaires de ses objets connectés made in France et affiche une croissance de 100 % sur l’année. L’entreprise est présente en commerce spécialisé et dans les grandes surfaces. Dans les prochains mois, Wistiki vise l’Allemagne, après s’être installé au Benelux, aux États-Unis et au Mexique. Au prochain CES de Las Vegas, Wistiki présentera hopla !, un portefeuille connecté qui vient au secours des étourdis.

 

Netatmo

 Boulogne-Billancourt (92)

 Maison connectée

 CA 2016 : NC

 180 salariés

• Son innovation phare

Le thermostat qui fait économiser 37 % d’énergie en moyenne

La start-up fondée en mai 2011 par Jean-Pierre Dumolard et Fred Potter a développé une offre structurée autour de quatre segments de produits : la sécurité, la météo, l’énergie et l’air de la maison. La jeune pousse a progressé efficacement depuis sa première station météo, lancée en 2012. Au gré des levées de fonds, 4,5 M € en 2013 puis 30 M € en 2015, Netatmo multiplie les partenariats avec les enseignes.

 

E. zicom

 Chennevières-sur-Marne (94)

 PEM

 CA 2016 : 5 M €

 8 salariés

• Son innovation phare

E. ziclean Sweepy One,un aspirateur qui lave

L’entreprise de Chennevières-sur-Marne propose une cinquantaine de références sur le marché du robot ménager. Avec son esprit start-up, E. Zicom se démarque des acteurs traditionnels et propose des nouveautés et des innovations tout au long de l’année. Ses équipes réduites lui donnent une grande réactivité et lui dessinent une place dans la distribution. L’entreprise, qui propose très régulièrement de nouvelles gammes, entend doubler son chiffre d’affaires d’ici à 2020 pour atteindre 10 M €.

 

Kolibree

 Neuilly-sur-Seine (92)

 PEM

 CA 2016 : NC

 30 salariés

 Son innovation phare

 Ara, la brosse à dents connectée

 La start-up commercialise sa brosse à dents connectée depuis début 2015 après avoir lancé son projet sur la plate-forme de crowdfunding Kickstarter. Pionnière sur ce marché, la   PME française s’est démarquée sur le CES 2014 de Las Vegas. Kolibree est aujourd’hui concurrencée par P&G Philips Healthcare ou encore des petits acteurs low cost, mais le   positionnement n’est pas le même. Pour se démarquer, c’est toujours sur son innovation technologique que mise la start-up.

 

Marbotic

 Bègles (33)

 Jouets éducatifs

 CA 2016 : NC

 10 salariés

 Son innovation phare

 Smart Letters, le jouet éducatif qui combine 3 applis et 26 lettres en bois pour accompagner les enfants dans l’apprentissage de la lecture

Avec ses jouets connectés en bois, la start-up de Bègles propose une méthode d’apprentissage unique, alliant jouet traditionnel et interactivité des tablettes tactiles. Sans véritable concurrence sur son secteur, Marbotic cibleles enfants de 3 à 6 ans et expose ses produits de manière commune avec Osmo, une start-up positionnée sur les enfants de 5 à 12 ans, chez Boulanger. Marbotic est déjà très présent à l’international.

 

Crosscall

 Aix-en-Provence (13)

 Électronique grand public-smartphone

 CA 2016 : 30 M €

 84 salariés

• Son innovation phare

Le Trekker-X3, un smartphone tout terrain,qui fonctionne par - 50°C

L’entreprise aixoise a construit sa réputation depuis 2009 autour de mobiles étanches, résistants et endurants. S’ouvrant sur une cible plus grand public, ces produits sont désormais disponibles chez Orange, SFR et Bouygues Telecom. Après la France, les équipes de Crosscall indiquent vouloir se tourner à l’international en commençant par l’Europe.

 

Lagrange

 Vourles (69)

 PEM

 CA 2016 :13,2 M €

 50 salariés

Son innovation phare

Le gaufrier à plaques interchangeables

L’inventeur du gaufrier à plaques interchangeables est resté une entreprise familiale. Basée dans la région lyonnaise, plus précisément à Vourles, elle conserve l’innovation et le design comme moteurs de ses nouveautés. Lagrangea déposé de nombreux brevets, pour ses yaourtières, ses pochoirs à crêpes et ses plaques tartinables. En 2018, Lagrange entend se concentrer sur le digital, notamment sur les réseaux sociaux, pour améliorer son contact avec les consommateurs. Une évolution de site internet avec du contenu ludique et vidéo est prévue.

 

Lagrange

 Vourles (69)

 PEM

 CA 2016 :13,2 M €

 50 salariés

Son innovation phare

Le gaufrier à plaques interchangeables

L’inventeur du gaufrier à plaques interchangeables est resté une entreprise familiale. Basée dans la région lyonnaise, plus précisément à Vourles, elle conserve l’innovation et le design comme moteurs de ses nouveautés. Lagrangea déposé de nombreux brevets, pour ses yaourtières, ses pochoirs à crêpes et ses plaques tartinables. En 2018, Lagrange entend se concentrer sur le digital, notamment sur les réseaux sociaux, pour améliorer son contact avec les consommateurs. Une évolution de site internet avec du contenu ludique et vidéo est prévue.

 

Krampouz

 Pluguffan (29)

 Électroménager

 CA 2016 : 15 M €

 69 salariés

• Son innovation phare

La crêpière, le produit historique de la société,qui conçoit aussi des planchas

La PME bretonne s’est développée autour de son produit historique, la crêpière. Depuis, Krampouz a lancé de nombreuses innovations et mis son expertise à profit pour sortir une gamme de 9 planchas électriques et gaz 100 % Inox. En progression sur ses nouvelles gammes, l’entreprise conçoit également des grils et des pierres de cuisson. Présente dans 150 pays, Krampouz est historiquement implantée sur le marché professionnel.

 

AwoX

 Montpellier (34)

 Maison connectée

 CA 2016 : 10,3 M €

 75 salariés

 Son innovation phare

 AromaLight, l’ampoule Led couleur qui embarque un diffuseur d’arômes

AwoX se définit comme le spécialiste de l’éclairage connecté et veut réinventer les usages des consommateurs. L’entreprise avait réalisé une levée de fonds à hauteur de 25 M € en avril 2014, et racheté Cabasse, spécialiste breton de l’électroacoustique et des produits audio. AwoX souhaite se faire une place dans l’univers de la maison connectée. Le groupe souligne que les ventes de sa division AwoX Home ont progressé de 107 % sur le premier semestre 2017 à 1,7 M €.

 

L’atout digitalisation

Certes, les PME ne disposent pas des mêmes budgets de communication que les « gros ». Mais à l’heure de l’hyperconnexion des consommateurs et de ­l’omniprésence des réseaux sociaux, est-ce vraiment un handicap ? Kolibree a commercialisé, avec succès, sa brosse à dents connectée sur la plate-forme de financement participatif Kickstarter.

Chez Lagrange, c’est sur les réseaux sociaux, en particulier sur Facebook et Instagram, que l’on s’appuie pour annoncer les nouveautés et rappeler les valeurs de convivialité et de partage, piliers de cette société familiale. « Cela nous permet d’être en contact direct avec les consommateurs et de faire remonter facilement les avis clients en interne », ajoute Anne Thieblemont, responsable communication de Lagrange. Le digital est d’ailleurs au cœur des projets de la société, avec une refonte prévue du site internet et l’arrivée de contenus vidéo. Autre atout de ces acteurs, dont un certain nombre se rassemble désormais sous le label French Tech : le dynamisme exceptionnel de ce mouvement, né en 2015, et désormais incontournable des grands salons mondiaux professionnels ou grand public, à l’instar du CES de Las Vegas, qualifié de « caisse de résonance » par le dirigeant de Kolibree.

L’incontournable magasin

Malgré ces avantages, les PME s’accordent à dire que si cette exposition est désormais plus facile, c’est avant tout en magasins que les choses se jouent. « Les produits high-tech ont besoin d’une dynamique très particulière, conclut le patron d’E. Zicom. Ce sont des références qui ont besoin d’être expliquées, tout comme les bénéfices qu’elles apportent aux utilisateurs. » Pour se pérenniser, il faut une présence dans les rayons des magasins en France, mais aussi à l’international, afin de conquérir de nouveaux ­marchés…