Industriel PME : Justine Hutteau, elle communique comme elle respire
En un an et grâce aux réseaux sociaux, elle a lancé un déodorant naturel vendu chez Monoprix et Sephora. À tout juste 25 ans, Justine Hutteau nous livre les raisons de son succès.
Magali Picard
\ 21h00
Magali Picard
En dates
- 1994 : naissance à Sucy-en-Brie (Val-de-Marne)
- 2016 : diplômée de HEC Montréal
- 2017 : court son premier marathon à Florence,en Italie
- Janvier 2018 : rencontre son futur associé, Thomas Méheut, diplômé HEC Paris, filière entrepreneur
- Novembre 2018 : campagne de financement sur le site de financement participatif Ulule
- Mai 2019 : commercialisation du déodorant Respire chez Monoprix et Sephora, puis dans 150 pharmacies
Un cas marketing qui devrait faire le bonheur des écoles de commerce. Ou comment lancer (et réussir) un déodorant, quand on n’y connaît rien et en dépensant zéro euro en communication ? L’entreprise, Justine Hutteau y est tombée dedans petite. « Je me voyais reprendre la boîte de papa à 40 ans. » Élevée à Sucy-en-Brie (94) par un père qui aménage des véhicules utilitaires et une mère au foyer, elle quitte le cocon familial à 18 ans pour HEC Montréal. « Mon expérience au Canada m’a décomplexée. »
On a du mal à le croire, mais Justine Hutteau se dit timide. Enfin, avant. Diplôme en poche, elle décide de continuer en marketing et choisit un sujet de mémoire qui sera le déclencheur : « Pourquoi les gens courent et se motivent à travers les réseaux sociaux ? » Elle se met à courir elle-même et à le raconter sur Instagram. Rentrée en France, elle rencontre Thomas Méheut, HEC lui aussi, mais Paris. « Nous sommes complémentaires, avoue-t-elle. Sans lui, je n’aurais jamais osé. Il a une vision à long terme et est passionné de cosmétiques. » À lui le développement produits, à elle la communication, où elle excelle.
Grosse frayeur
Entre-temps, la jeune femme a une grosse frayeur : ses médecins lui découvrent une tumeur sous l’aisselle. Cela s’avère bénin, mais au lieu de signer un CDI pour Paris Jeux olympiques 2024, elle lance un déodorant. « J’avais une hygiène de vie irréprochable. Mais j’ai compris qu’il fallait faire attention aux produits qu’on utilise. Avec Thomas, nous avons fait une énorme étude de marché et contacté tous les labos français. »
Françoise, en Bretagne, leur dit oui. Cette docteur en pharmacie travaille durant dix mois pour créer un déodorant sans sels d’aluminium, fabriqué en France, à base d’ingrédients naturels.
Les deux cofondateurs mettent chacun 5 000 € et lancent une souscription sur Ulule. En un mois, ils lèvent 215 000 € et prévendent 21 000 produits. La grande distribution les contacte. Entre mai et novembre 2019, Respire a écoulé 450 000 déodorants. « Nous sommes la quatrième marque la plus vendue chez Monoprix », annonce-t-elle. Pourquoi cette idée a-t-elle marché ? « La communauté (50 000 followers sur Instagram, NDLR) nous a beaucoup aidés. Elle a participé à la création, puis amplifié le message. » Maintenant, il faut gérer la suite. La jeune femme rêve de lancer un produit par mois et que toute la salle de bains soit Respire. Sa seule peur : que le succès la dépasse.