[Dossier] 12 spécialistes inspirants : Les magasins qui montrent la voie

Selon les dernières données d’Iri, les ventes de produits bio en grandes surfaces ont perdu 1,8 % sur les neuf premiers mois de l’année 2021 avec une accentuation de ce recul au troisième trimestre (- 2,8 %). Nous sommes loin, très loin, des croissances enregistrées durant les mêmes périodes en 2019 (+ 22,1 %) et 2020 (+ 14,7 %). À l’inverse, les spécialistes du bio continuent, eux, sur leur trend positif avec des ventes en hausse de 2,4 % sur neuf mois, et même de 4,8 % sur le seul troisième trimestre de 2021. Et ce, alors même que la base de comparaison était très élevée au regard des performances des neuf premiers mois de l’an passé (+ 23,7 %) qui, elles-mêmes, avaient marqué un rebond très sensible des circuits spécialisés après une année 2019 en relative demi-teinte (+ 9,9 % de janvier à septembre).

Les produits frais, le nerf de la guerre

Pour autant, les quelque 3 100 magasins spécialistes du bio en France auraient tort de pavoiser. Car comme le fait remarquer ­Juliette Favre, insights manager chez Iri, « la dynamique des supermarchés bio est, en 2021 et sur le troisième trimestre, bien moins soutenue que celle des supermarchés frais et des commerces traditionnels ». Les premiers caracolent avec des progressions de 33 % depuis le début de l’année (alors qu’ils avaient déjà bondi de 29 % par rapport à la même période de l’année précédente), quant aux bouchers, primeurs, poissonniers et fromagers, ils gagnent de 14 à 35 % sur la même période. Ces spécialistes du frais sont clairement stimulés par le regain d’intérêt pour les magasins de bouche de proximité qui a saisi les Français depuis la crise sanitaire, mais aussi par l’engouement pour les produits locaux, les produits transformés sur place, le fait-maison et plus largement l’expertise et les conseils des pros de ces métiers. Des éléments qui deviennent au moins aussi importants pour une frange grandissante de clients qu’un mode de production, aussi vertueux soit-il.

La part belle aux produits locaux

Ces aspérités n’ont pas échappé aux douze maga­sins bio visités par la rédaction de LSA qui tentent, eux aussi, d’y répondre à leur façon. D’abord en renforçant partout leur offre de produits frais et si possible locaux, notamment de fruits et légumes, un rayon où tous les magasins visés avouent engager des efforts particuliers. On voit aussi de plus en plus des comptoirs traditionnels ou semi-trad (juste débités sur place) apparaître dans ces magasins pilotes, conscient que ce service est un incontournable de la liste des courses, y compris chez les aficionados du bio.

Et partout, en plus des marqueurs classiques du bio que sont notamment ces rayons vrac et ces espaces d’hygiène-beauté souvent très développés, les produits locaux sont mis en avant et scénarisés par des cartes, affichettes et autres logos, ainsi que des labels supplémentaires pour démonter que l’offre proposée va au-delà du simple label bio… Le tout avec un souci marqué – et nouveau – pour certains de proposer des prix plus justes en même temps que la volonté d’aller chercher et toucher de nouvelles franges de consommateurs, ici en périphérie, ou là dans des quartiers dits difficiles. Avec l’ambition de sortir le bio et ses magasins spécialisés des sentiers trop battus pour tenter de repartir de plus belle.