Top 100 de l'agroalimentaire : Danone, Andros, McCain... Qui sont les gagnants et les perdants de notre classement exclusif ?

Pour la deuxième année, LSA dévoile son classement exclusif des 100 premiers industriels de l’alimentaire en France en 2024. Un état des lieux d’un secteur en prise directe avec les aléas de la grande distribution et les arbitrages financiers des ménages français. Entre inflation et changement des habitudes de consommation, ils s’adaptent à la nouvelle donne.

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Top 100 de l'agroalimentaire : Danone, Andros, McCain... Qui sont les gagnants et les perdants de notre classement exclusif ?
McCain Alimentaire a gagné 10 places dans le top 100 de l'agroalimentaire en 2024 par rapport à 2023 et remonte à la 67e place.

Les faits marquants

  • 23 groupes et ETI du Top 100 réalisent plus de 1 milliard d’euros de CA dans l’alimentaire en France au cours de leur dernier exercice clôturé en général en 2024, mais aussi en 2025 notamment pour Bonduelle, Pernod Ricard ou Labeyrie Fine Foods.
  • Si Lactalis, Bigard et LDC forment toujours le trio de tête, le discret Valentin Traiteur décroche cette année la médaille d’or de la croissance, avec une progression de près de 60 % en 2024.
  • 16 % des groupes et ETI du Top 100 LSA ont enregistré une croissance de leur CA supérieure ou égale à 10 % en 2024 et un gros quart (28 %) ont vu leurs ventes reculer.

Pas si simple d’établir le classement des principaux acteurs de l’industrie agroalimentaire (IAA) français. LSA publie ici la deuxième édition de son Top 100 exclusif basé sur les seules activités alimentaires en France. Si la majorité des entreprises et groupes, 60 pour être exact, ont accepté de jouer le jeu de la transparence en nous transmettant leur chiffre d’affaires, pour d’autres, il a fallu faire preuve d’imagination. Éplucher des pages de comptes sociaux déposés aux greffes des tribunaux de commerce, recouper les articles de la presse régionale, compiler les données de marché des panélistes pour reconstituer le plus précisément possible les activités des plus discrets. À croire que les CA d’Andros, de Sources Alma, de Norac Foods ou des vins Bernard Magrez sont aussi secrets que la recette du Coca-Cola !

Globalement, les champions ont réalisé en 2024 des ventes cumulées de 91,7 milliards d’euros, soit un gros tiers des 250 milliards générés par le premier secteur économique français, comme le rappelle l’Association nationale des industries alimentaires (Ania). Les ventes des 100 premiers groupes et entreprises ont gagné 1,3 %. « Le chiffre d’affaires des industries agroalimentaires s’est stabilisé en 2024, après trois années de forte croissance, alors que celui de l’ensemble de l’industrie manufacturière diminue de 0,6 % en 2024 », constate de son côté Agreste, le pôle statistique du ministère de l’Agriculture.

Si 15 des champions ont vu leurs ventes progresser de plus de 10 %, à l’inverse, 28 ont publié un CA en baisse. « Il est intéressant de voir que certains industriels ont bien tiré leur épingle du jeu, en dépit d’une consommation qui reste en berne et d’un climat très anxiogène », explique Frédéric Fessart, associé chez EY-Parthenon. Il reconnaît en effet que « le prix n’explique pas tout ce qui se passe dans l’évolution des modes de consommation des ménages français ». Les produits plaisir, les réseaux de proximité, la restauration ou encore le bio sont autant de « poches de surcroissance » que certains ont su investir. Les spécialistes de l’épicerie sucrée du Top 100 ont ainsi vu leurs ventes grimper de 5,6 %, preuve que la gourmandise échappe à la crise.

Les commentaires 

1. Lactalis : pour la première fois, le géant le Laval passe la barre des 30 milliards d’euros de chiffre d’affaires mondial, s’imposant comme le 9e groupe alimentaire mondial. Il réalise désormais le tiers de son activité en Amérique du Nord, contre moins de 19% en France.

16. Ferrero France : après avoir repris Michel et Augustin fin 2023, l’inventeur du Nutella vient de prendre le contrôle de Carambar& Co, tout en dévoilant un important plan industriel en France. Aux États-Unis, c’est sur les céréales Kellogg qu’il vient de jeter son dévolu.
 
22. Groupe Le Duff : le terrain de jeu de Louis Le Duff ne cesse de grandir. Après avoir repris Lecoq Cuisine aux Etats-Unis et Panidor au Portugal en 2022, le boulanger breton s'est offert le néerlandais Pandriks et Laurent Bakery en Australie et en Nouvelle-Zélande en 2025.
 
29. Barilla France : la filiale tricolore du groupe parmesan a dévoilé cette année encore de bonnes performances. Il faut dire qu’elle a continué à investir massivement dans ses marques en dépit de la morosité. Troisième marché après l’Italie et les États-Unis, la France reste une priorité stratégique.
 
44. Cémoi : dans le giron du groupe belge Baronie, le chocolatier spécialiste de la MDD prévoit de moderniser ses chocolateries françaises, avec l’ambition d’augmenter ses ventes de plus de 30% d’ici à 2030 pour dépasser le milliard d’euros de chiffre d’affaires.
 
59. Maïsadour : et si, cette fois-ci, c’était la bonne ? Les groupes Maïsadour et Euralis sont entrés en discussion pour fusionner et créer un nouvel acteur coopératif régional qui pèserait près de 3 milliards d’euros de CA, confortant une position de leader dans le canard gras.
 
63. Ecotone : leader de l’épicerie bio en France, Ecotone bénéficie de la reprise des ventes du bio, et notamment dans la restauration (10 % de l’activité), un réseau dans lequel ses ventes ont bondi de 20 à 25 % l’an dernier grâce à des nouveaux partenariats dans la restauration rapide et l’hôtellerie.
 
85. Valentin Traiteur : en un peu plus de trente ans, Valentin Traiteur est passé de charcutier local à leader du traiteur frais sous MDD. Avec la reprise de Maison Bolard, il entre dans le Top 100 LSA, et ambitionne déjà de passer le cap des 400 millions d’euros d’ici à deux-trois ans.
 
98. Carambar &Co (CPK) : la cession de la chocolaterie Poulain de Blois à Andros aura certainement fini de convaincre Ferrero de racheter CPK –la maison mère de Carambar, Krema et Lutti – à la société d’investissement Eurazeo. Une nouvelle aventure pour ce fleuron de la confiserie hexagonale.

 

Méthodologie

Classement établi sur la base du CA du dernier exercice clôturé réalisé dans l’alimentation humaine, en France (hors export et activités internationales). Les données proviennent des entreprises qui ont répondu à notre questionnaire. À défaut, elles sont issues des rapports d’activité, des sites officiels ou des comptes sociaux. Pour certaines sociétés, nous présentons des estimations issues de diverses sources. Les CA des groupes internationaux sont en euros (selon le taux de référence annuel moyen de la BCE), mais les évolutions en monnaies locales pour s’affranchir des effets de change. À noter que les CA 2024 ont été retraités à partir des données transmises par les entreprises pour cette édition, ce qui peut affecter le classement de l’an dernier, et donc les évolutions relatives dans le palmarès 2025.

 

Lactalis, toujours en tête du classement

Sans surprise, et depuis plusieurs années déjà, Emmanuel Besnier reste l’homme clé de l’alimentaire français. Son groupe familial Lactalis se classe encore à la première place du Top 100 LSA. Affichant une croissance de 1,3 %, ses ventes tricolores s’établissent à 5,7 milliards d’euros, soit près de 19 % des ventes du groupe très internationalisé. En 2025, le numéro un mondial des produits laitiers maintient la pression « dans un marché sous tension, marqué par des guerres commerciales, des incidents climatiques et quelques maladies », observe Jean-Marc Bernier, directeur général de Lactalis France, en annonçant vouloir investir 1 milliard d’euros d’ici à 2030 pour moderniser ses 69 sites français.

Bigard, le géant de la viande, avec ses filiales Charal et Socopa, occupe la deuxième place, avec des ventes estimées en repli de 6,8 %, en raison de la baisse quasi continue de la consommation de viande bovine depuis deux décennies. Il devance d’une courte tête LDC, un autre leader des protéines animales, confronté, à l’inverse, à l’essor de la consommation de volaille. « Notre stratégie de reconquête des volumes et les rachats d’entreprises, six sur l’exercice, dont le traiteur Pierre Martinet, nous ont permis de dépasser nos objectifs », s’est félicité Philippe Gelin, président du groupe, lors de la présentation des résultats annuels. Le bras industriel du Groupe­ment Mousquetaires, Agromousquetaires, arrive au pied du podium de tête, avec des ventes estimées en recul de 1,5 %. En 2025, le spécialiste des MDD annonce poursuivre son recentrage sur les ­produits bruts et le végétal, tout en engageant la cession de 8 de ses 55 usines jugées comme « non stratégiques ».

Émergeant au 6e rang du palmarès 2025, le groupe Agrial confirme sa place de premier acteur coopératif de l’alimentaire. Le propriétaire de Florette, Soignon, Pavé d’Affinois ou Loïc Raison réduit son écart avec Nestlé France, toujours 5e. L’empreinte hexagonale du géant suisse ne cesse de s’éroder au gré des cessions d’actifs (Herta en 2019, Mousline en 2022, pizzas Buitoni en 2023, Naturnes en 2024), et en attendant une possible sortie des eaux minérales françaises et européennes.

Plus bas dans le classement, après Altho l’an dernier, le propriétaire des chips Brets, c’est au tour d’une nouvelle ETI de créer la surprise. Le discret Valentin Traiteur signe la croissance la plus spectaculaire du Top 100, tout en faisant une entrée à la 85e place. Avec la reprise de Maison Bolard, le groupe roannais a vu ses ventes s’envoler de près de 60 %, soit une hausse de 110 millions d’euros en un an, confortant sa position de « premier fabricant français de ­produits traiteur frais au service des marques de distributeur », comme le souligne Emmanuel Brochot, son président. Sa croissance devance celle de Red Bull France, la marque star des energy drinks, le troisième segment des BRSA, derrière les colas et les jus de fruits, avec une hausse de près de 20 % en GMS. Et même celle de Barry Callebaut, spécialiste suisse du cacao, une matière première ultra-inflationniste.

Le groupe coopératif Terrena gagne deux places et enregistre la plus belle progression de chiffres d’affaires en millions d’euros, profitant de l’OPA réalisée sur Tipiak à l’été 2024, pour ajouter près de 230 millions d’euros d’activités proforma, tout en mettant la main sur une belle marque, spécialiste des mélanges céréaliers et des surgelés. À l’inverse, Olga cède plus de 10 % de CA, notamment en raison de la revente de son pôle traiteur à la société Ariv, pour mieux se concentrer sur l’ultrafrais laitier et végétal, en France, mais également à l’international.

Période de rationalisation

Ces opérations sont assez symptomatiques de ce que traversent les groupes à l’échelle de la planète. L’industrie alimentaire mondiale connaît en effet une intense période de transition et de rationalisation. « Sous la pression d’actionnaires activistes ou des marchés financiers, le secteur est à nouveau entré dans une phase de recentrage sur ses métiers à plus forte croissance et meilleure marge », constate Frédéric Fessart. Les revues de portefeuille s’accélèrent, et les opérations de cession d’actifs non prioritaires se précipitent chez les groupes cotés. Introduction en Bourse des glaces pour Unilever, filialisation des eaux européennes pour Nestlé, scission de Kraft Heinz après celle de Kellogg…

Ce sont autant d’opportunités que ne manqueront pas les groupes familiaux, comme Ferrero, Mars ou Lactalis, pour se renforcer ou partir à la conquête de nouveaux territoires. « Ils ont une super fenêtre devant eux pour faire de belles acquisitions, car les fonds d’investissement ont moins d’appétit à l’achat », note l’expert en stratégie. Des grandes manœuvres qui ne devraient pas épargner la France, d’autant que les groupes familiaux sont en forme. En 2024, leur CA a progressé de 2,3 %, quand celui des entreprises en Bourse ou détenues par des investisseurs recule légèrement.

Classement par secteurs d'activités : l’épicerie sucrée ne mollit pas

Part du CA cumulé du Top 100 2024 selon le secteur, et évolution vs 2023, en %

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  • Top 5 de l'épicerie salée (CA 2024 France en M €)

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  • Top 5 de l'épicerie sucrée (CA 2024 France en M €)

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  • Top 5 des produits laitiers et surgelés (CA 2024 France en M €)

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  • Top 5 des produits frais non laitier (CA 2024 France en M €)

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  • Top 5 des boissons alcoolisées (CA 2024 France en M €)

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  • Top 5 des boissons sans alcool (CA 2024 France en M €)

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  • Top 5 des entreprises multiactivité (CA 2024 France en M €)


 

 

Classement par statuts d'entreprises : les groupes familiaux mènent la danse

Part du CA cumulé du Top 100 2024 selon le statut, et évolution vs 2023, en %

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  • Top 5 des groupes familiaux (CA 2024 France en Mrds €)

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  • Top 5 des groupes privés/cotés (CA 2024 France en Mrds €)

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  • Top 5 des groupes coopératifs (CA 2024 France en Mrds €)

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Classement des évolutions de CA : Valentin Traiteur explose les compteurs

  • Top 5 des plus fortes progressions de CA (évolution en % et CA 2024 France en M €)

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  • Flop 5 des plus fortes baisses de CA (évolution en % et CA 2024 France en M €)

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