La fabuleuse histoire du Get27, la liqueur à la menthe inventée à Revel

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SÉRIE D'ÉTÉ. Cette liqueur à la menthe poivrée trouve ses origines dans une distillerie du sud de la France. Si la recette a été modifiée au cours du temps, l'ancêtre du Get27, le Pippermint Get, est fortement lié à la ville de Revel (31). Voici pourquoi.

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Emilie-Xuân Nguyen

23 août 2024 \ 15h00

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Emilie-Xuân Nguyen

23 août 2024 \ 15h00

La fabuleuse histoire du Get27, la liqueur à la menthe inventée à Revel — Personnel de la "Fabrique" de Pippermint Get (ex-Get27) en 1887. © Archives de la Société d’Histoire de Revel – fonds Jean-Paul Calvet

En dates

1796 François Pons crée dans sa distillerie de Revel une crème de menthe

1858-1859 Jean et Pierre améliorent la recette de François Pons, c'est le début de la "grande histoire" du Pippermint Get

18 juillet 1868 Premier dépôt de marque (« primata » ) du Pippermint Get Frères au tribunal de Grande Instance de Villefranche de Lauragais en Haute Garonne

1969 La S.A Le Pippermint est rachetée par la Société Bénédictine

1975 Le Pippermint devient Get27

1987 Le groupe Martini acquiert la société Bénédictine Get

1991 Get quitte définitivement Revel

1992 Bacardi rachète Martini créant en 1993 la nouvelle entité Bacardi-Martini

C’est une scène que beaucoup connaissent. Il est 4 heures du matin, et vous aviez juré, la main sur le cœur, de rentrer tôt ce soir-là. Mais voilà, c’est l’été, la fête bat son plein et vous ne refusez pas un dernier verre. Ou plutôt un petit shot, "pas trop fort" et bien "frais". Et là, qu’est-ce qui vous vient en tête ? Le fameux Get27, que vous prononcez fièrement "djète vingt-sept", comme si cette liqueur à la menthe poivrée venait tout droit d'outre-Atlantique. Mais non, elle est bien de chez nous, 100 % française ! Et son histoire vaut largement le détour. Déjà, saviez-vous que les prémices remontaient à la fin du XVIIIe siècle ?

Une liqueur créée à Revel

François Pons, botaniste, chimiste de formation et apothicaire - équivalent de nos pharmaciens actuels - met au point en 1796 une "crème de menthe" au sein de sa distillerie basée à Revel (31), dans le sud de la France. À visée curative au départ, cette liqueur issue de la menthe poivrée de la montagne Noire a du succès auprès du public. Une réussite telle que François Pons fait partie des 100 hommes les plus imposés de la ville en 1812 !

Quelque temps avant sa mort, il transmet la recette à son fils Isodore qui vend la distillerie en 1843 à ses employés Pierre Gaspard Dirat, Fulcran Sablier et... un certain Jean Get. Pierre Get, le frère de Jean, rejoint l'entreprise en 1844. Il prend du galon à la mort de Fulcran Sablier. En 1858, M. Dirat, qui a cédé ses droits l'année d'avant à Victoire Sablier marié à Jean Get, meurt. La société, alors baptisée Dirat-Get change de nom et devient Get Frères. En 1858-1859, Jean et Pierre améliorent la recette de François Pons. C'est le début de la "grande histoire" du Pippermint Get, l'ex-Get27. Le nom Pippermint est le résultat d'une erreur cacographique des frères Get due à la francisation du mot "pepper" - poivré en anglais - en "pipper".

Un produit porté par un marketing efficace

Le nom de la marque est déposé dès 1868, année de naissance de la forme distinctive de la bouteille, celle avec son goulot ondulé. "Il existe plusieurs histoires à ce propos, cela pourrait être une ode à la beauté féminine, mais l'hypothèse la plus probable est celle où les deux frères ont été subjugués par la forme d'une lampe à pétrole lors d'un dîner", raconte à LSA Jean-Paul Calvet, qui a consacré un livre au Pippermint Get (voir encadré). La liqueur acquiert rapidement ses lettres de noblesses à une époque où le choléra fait rage. La menthe poivrée possède des propriétés bénéfiques pour soulager les symptômes de cette maladie qui touche le système digestif. Les marins français ont également facilité l'exportation vers les anciens empires coloniaux.

En parallèle, les frères Get sont aussi des as du commerce et des précurseurs du marketing moderne. Ils travaillent le design de leurs étiquettes et s'appuient sur des affichistes, dessinateurs et artistes pour communiquer sur leur produit auprès du grand public. "Paul Cézanne va même faire des peintures avec des bouteilles de Get !", partage Jean-Paul Calvet. Les deux frères utilisent également les jeux publicitaires pour communiquer sur leur liqueur.

Les héritiers des frères Get marchent dans leur pas en investissant massivement dans la "réclame", la publicité de l'époque, mais aussi en misant sur les "goodies" et les jeux publicitaires. Comme par exemple en 1978 avec le "grand jeu des parasols". Dans son livre, Jean-Paul Calvet détaille le principe : "Le jeu consiste à trouver le nombre de fois que 'Get est écrit sur la bouteille, les étiquettes et la capsules'. Avec le même nombre de mots... on doit écrire comment on déguste le Get. Les 100 premières bonnes réponses auront un parasol".

Aujourd'hui dans le giron de Bacardi-Martini

En 1901, après la mort des frères Get, la S.A Le Pippermint est créée. Au cours du XXe siècle, l'entreprise est affectée par les deux guerres mondiales et de nombreux conflits à travers le monde, à l'instar de la guerre d'Indochine. Elle se retrouve en difficulté malgré un important investissement dans la publicité au début des années 50. La société fait en outre face à une désaffection du public pour les boissons alcoolisées, suite notamment aux campagnes anti-alcool. Elle doit donc rationaliser son organisation, mais cela ne suffit pas à la sauver. En 1969, la Société Bénédictine rachète la S.A Le Pippermint.

En 1975, le Pippermint devient Get27, en référence à son fondateur Jean Get. Le 27 faisant alors référence au degré d'alcool. Cette même année, l'usine de production quitte le centre de Revel pour s'installer dans une zone industrielle, assurant ainsi la continuité de la production locale. Get quitte définitivement Revel en 1991 pour s'établir dans une usine moderne à Gémenos, dans les Bouches-du-Rhône. Aujourd'hui, le Get27 est fabriqué à Beaucaire dans le Gard.

Si la liqueur à la menthe poivrée reste le produit iconique de Get, la marque s'est diversifiée en proposant d'autres types de boissons, comme avec le Get 31 ou le Get Essentiel. Plus récemment, Bacardi-Martini, propriétaire de la marque depuis 1993, a lancé Get Menthe & Citrons. Une nouvelle liqueur qui associe la fraîcheur de la menthe de Provence à la saveur acidulée des arômes naturels de citrons jaunes et de citrons verts. Une façon pour la marque d'occuper le rayon. "En France, Get [NDLR : pas uniquement le Get27, donc] est aujourd’hui n°1 des ventes de liqueurs en grandes et moyennes surfaces et n°2 des ventes de spiritueux en consommation hors domicile, avec deux gros temps forts dans l’année : l’été et la fin de l’année", partage Bacardi-Martini sans donner de chiffres précis. Plus de 225 ans après sa "création", la liqueur à la menthe semble encore faire recette.

Un livre consacré au Pippermint Get

Jean-Paul Calvet a consigné l'histoire de la liqueur à la menthe poivrée dans un livre intitulé Histoire du Pippermint Get, 1796 - 1988 (526 pages). Cet ouvrage, qui n'est pas distribué à grande échelle, est à retrouver à l'office du tourisme et au beffroi de Revel (Haute-Garonne).

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